Proclamation

aux Bahá’ís du monde entier

à travers

le Congrès annuel

des

Bahá’ís

des

États-Unis d’Amérique

assemblés à

Wilmette, Illinois

Ridván 117 de l’ère Bahá’íE

de

MASON REMEY

le second Gardien

de

la Foi Bahá’íe




Washington DC,

États-Unis d’Amérique

Ridván 117, ère Bahá’íe

 

Amis bien-aimés,

Des croyants m’ont interrogé au sujet de ma position en tant que président du Conseil international Bahá’í, position établie par le Gardien bien-aimé Shoghi Effendi, le premier Gardien de la Foi Bahá’íe. À travers le prochain Congrès annuel, profitant de cette occasion qui m’est ainsi donnée pour faire cette déclaration, je précise avec exactitude aux Bahá’ís, ma situation et mon rang au sein de la Foi.

La communauté Bahá’íe du monde entier sait que le Gardien bien-aimé m’a choisi, moi, Mason Remey, parmi tous les croyants du monde, pour occuper la position de président du Conseil international Bahá’í. C’est la seule marque d’autorité que Shoghi Effendi ait jamais accordé à quelqu’un, la seule nomination particulière et spécifique d’autorité donnée par lui à quelqu’un.

Le Gardien bien-aimé déclara que le Conseil international Bahá’í était le précurseur et le premier pas vers l’établissement de la Maison universelle de justice. En outre, il déclara que le Conseil international Bahá’í était l’embryon de la Maison Universelle de Justice lequel embryon se développerait dans la Maison universelle de justice elle-même.

Bien que tous les Bahá’ís savent qui je suis, moi, Mason Remey, le président du Conseil international Bahá’í, désigné par le Gardien bien-aimé Shoghi Effendi, beaucoup d’entre vous ne me connaissent pas encore personnellement. Il me fut donné de vivre très longtemps à Haïfa au cours de ces dix dernières années. Mes visites en Amérique avaient lieu en été et durant ces voyages, j’ai effectué peu de visites dans les communautés Bahá’íes, ce qui a pour résultat qu’aujourd’hui un bon nombre de communauté et de nouveaux Bahá’ís ne me connaissent pas. Ceci est la raison pour laquelle je veux vous dire quelques mots sur moi-même.

Mes ancêtres furent de très bonne heure des colons américains de Nouvelle Angleterre au nord et de Virginie au sud. J’ai reçu la Foi chrétienne et l’enseignement de l’Église épiscopale. Les membres de cette Église, comme vous le savez, bien que toujours orthodoxe, peuvent se rapprocher des Catholiques d’une part et d’autre part des Protestants. Bien que cette Église soit habituellement classée parmi les Protestantes, son Livre de Prières proclame qu’elle est la « sainte Église catholique apostolique ». Mon héritage religieux m’inclina vers l’interprétation catholique plutôt que vers l’attitude protestante.

Pour l’Américain moyen, l’Église catholique signifie généralement l’Église catholique romaine, mais il y a d’autres confessions catholiques. En Terre sainte, qui est maintenant et a été durant ces dix dernières années le lieu de ma demeure, le Ministère des Religions d’Israël a en liste onze confessions catholiques distinctes de ce pays — romaine, anglicane, russe, arménienne, grecque, grecque orthodoxe, copte, etc. En Amérique, la confession catholique anglicane correspond à la dénommée Haute Église épiscopale.

Sur ce terrain catholique, ce fut pour moi la chose la plus logique et la plus naturelle du monde que d’accepter le message Bahá’í sans aucune question comme je le fis quand j’eus connaissance de ce message en 1899-1900 par la voix de May Ellis Bolles (plus tard madame Sutherland Maxwell) parce que la sainte Église catholique apostolique enseigne la seconde venue du Christ — le Christ devant venir se manifester comme le Seigneur de la Création — le Prince de la Paix devant venir pour établir « Son Royaume sur la Terre comme au Ciel ».

De Nouvelle Angleterre au nord et de Virginie au sud, mes ancêtres se déplacèrent vers le Middle West où je vis le jour en 1874, dans une ville située sur le fleuve Mississipi, à 210 miles de Chicago et non loin du centre géographique des États-Unis, ce pays que notre bien-aimé Gardien a appelé le « Berceau de l’ordre administratif » — de cette manière donc je me présente par moi-même à ceux d’entre vous qui ne me connaissent seulement que de nom.

Au cours de mes voyages à travers le monde Bahá’í, les amis me posèrent beaucoup de questions au sujet de la vie et des croyances en Israël et, en particulier au sujet des Mains de la Foi en Terre sainte. Le monde Bahá’í est tout simplement curieux de savoir ce qui se passe là-bas et comment les problèmes de la Foi y sont traités.

Il y a quelques informations générales que je puis leur donner qui ne sont en aucune manière confidentielles. Je ne mentionne rien de nature confidentielle à un Bahá’í parce que, comme c’est connu dans la communauté Bahá’íe depuis le premier conclave des Mains, la majorité des Mains de la Foi furent d’accord qu’absolument rien de ce qui est dit ou fait au cours de ces conclaves, ne soit divulgué, communiqué ou révélé à aucun Bahá’í, exception faite pour le corps des vingt-sept Mains. Ceci n’empêche pas que chacune des Mains de la Foi, lorsque celles-ci sont en délibération, doit non seulement s’exprimer par elle-même ou lui-même en toute liberté, mais encore ceci leur est recommandé. C’est le devoir assigné à chacune des Mains d’exposer leurs propres convictions aux autres Mains durant les conclaves.

Moi, en tant que président du Conseil international Bahá’í, j’étais une de ces choses que tout Bahá’í savait, mais de laquelle simplement on ne leur avait pas parlé, et jamais il ne fut fait mention de ma position au cours des conclaves ou des conférences des Mains de la Foi; par conséquent, comme ce sujet n’a jamais été abordé, ayant moi-même promis, aux Mains de ne jamais divulguer leurs discussions, démarches ou décisions, je ne renie pas ma parole en faisant savoir aux croyants tout ce qui concerne ma présidence du Conseil international, car ce sujet ne fut même jamais mentionné ni discuté par les Mains de la Foi au cours des conférences auxquelles je participais ou dont j’ai eu des informations.

Avant d’aborder le sujet de ma présidence au Conseil international et la position que j’occupe dans la Cause et que j’explique dans cette missive, je voudrais introduire mon exposé en donnant en quelques phrases, une image de l’état des choses à Haïfa durant le régime du bien-aimé Gardien lorsque tous les membres du Conseil international, Mains résidantes y comprises, vivaient là et étaient quotidiennement au service du Gardien. À chacun de nous, membres du Conseil, étaient données des instructions par Shoghi Effendi sur tout ce qu’il désirait que nous fissions et nous lui rendions compte au fur est à mesure que ces divers services étaient engagés et accomplis. La seule autorité en ce qui concerne ces actions repose dans les instructions données directement à chacun par le Gardien lui-même; par conséquent, en tant que corps constitué, jamais il ne fut pris d’initiatives pour la réalisation de service de quelque nature que ce soit.

Après la nomination du Conseil international, en de nombreuses occasions, un des membres venait à moi, me disant: « Mason, vous êtes le président de ce Conseil, faites quelque chose, convoquez une réunion, — vous êtes le président du Conseil, vous devez prendre l’initiative d’organiser ce corps et de faire quelque chose. » À cela, ma réponse était invariablement: « Le Gardien de la Foi a nommé le Conseil international Bahá’í et il me dira ce que je dois faire et quand je devrai convoquer ce Conseil pour agir. »

Le premier Gardien de la Foi a quitté ce monde sans me donner ni ordres, ni instructions, quels qu’ils soient, concernant le Conseil international. Le Gardien bien-aimé ne m’a donné aucune autorité pour faire quoi que ce soit concernant le Conseil universel durant sa vie; Car durant sa vie même il était le Gardien de la Foi et comme l’infaillibilité était en lui, et en lui-même uniquement, ma position fut seulement celle d’une responsabilité potentielle contenue en moi-même. Mais avec la mort de Shoghi Effendi, celui-ci cessant d’être par ce fait le centre d’infaillibilité sur terre, je devins le président actif du Conseil international de mon propre droit — étant déjà auparavant le président de ce corps — assumant ainsi le commandement actif du Conseil. Par conséquent, je ne fais qu’assumer dès lors les pouvoirs qui m’ont été dévolus automatiquement lors du départ de Shoghi Effendi, pouvoirs qui furent miens exclusivement et qui sur terre ne furent conférés à personne d’autre depuis le départ du premier Gardien de la Foi.

C’est cette même autorité que j’exerce à présent lorsque je refuse de reconnaître toute interférence de quiconque dans les affaires du Conseil international. J’entends par là d’aucune personne ou d’aucun groupe de personnes.

Les Mains de la Foi ne peuvent fonctionner seulement que comme protectrices de la Foi et ceci seulement lorsqu’elles servent sous la direction des commandements du Gardien infaillible de la Foi. Elles n’ont aucune autorité investie en elles-mêmes en tant que Mains de la Foi pour agir par elles-mêmes ni ne doit lui conférer une autorité quelconque pour agir pour une autre partie et au nom de celle-ci, ou pour aucune autre partie, sauf sous la direction du Gardien de la Foi qui est en vie.

Le bien-aimé Gardien de la Foi m’a choisi comme président du Conseil international Bahá’í, ce qui, selon son explication, signifie président de la Maison universelle de justice embryonnaire. Par conséquent, je suis le président de la Maison universelle de justice embryonnaire. Lorsque ce corps auguste deviendra la Maison universelle de justice, si cela se passe durant ma vie, je serai donc le président de la première Maison universelle de justice de la dispensation de Bahá’u’lláh.

Par conséquent, par le fait que le Gardien bien-aimé, en son infaillibilité, m’a ainsi placé à la tête de la Foi pour la protéger et la sauvegarder, je ne puis rien faire d’autre qu’assumer la place avec toutes les responsabilités, prérogatives et avantages qu’elle comporte. Donc, en vertu de ses ordres infaillibles, je commande seul, lui succédant, la Cause et la garde en son intégrité.

Le délai que j’ai donné jusqu’à présent aux croyants et aux Mains de la Foi pour qu’ils découvrent par eux-mêmes que le Gardien bien-aimé a pourvu à la protection de la Foi lorsqu’il me nomma président du Conseil international Bahá’í — et il faut espérer qu’il a été possible pour eux d’avoir découvert ma position unique dans la Foi, — est à présent suffisant. Mais jusqu’à aujourd’hui, personne d’autre que moi-même n’a découvert que cette autorité a été investie en moi par notre Gardien bien-aimé. Jusqu’à ce moment précis où je fais cette déclaration au monde Bahá’í, je n’ai fait à personne cette confidence — je suis resté seul et solitaire dans le monde entier gardant la Foi.

Le fait que je devais occuper cette auguste position dans la Foi Bahá’íe, position que le Gardien bien-aimé a choisie pour moi, ce fait je le savais depuis approximativement douze ans sans en faire part à qui que ce soit jusqu’au jour très récent, lorsqu’en privé et en secret, j’ai fait cette déclaration aux Mains de la Foi en Terre sainte. Dans ce manifeste de ma proclamation, je fais maintenant ici, en Amérique, « Berceau de l’ordre administratif », la déclaration de ma position de commandement dans la Cause et cela à travers ce Congrès, pour tout le monde Bahá’í.

En cette période de confusion de pensées et de buts qui menace tellement le monde Bahá’í, le moment est maintenant propice pour moi de faire l’annonce qui fait l’objet de cet écrit. Je ne puis retarder davantage. Tous ces plans des Mains de la Cause pour 1963, plans qui sont si absorbants et si confus pour le peuple de la Foi, doivent être abandonnés et interrompus immédiatement. Je suis le seul qui puisse commander cette situation. Aussi, je me suis levé pour le faire car, à moi seul, dans tout ce monde, a été investi l’autorité et le pouvoir pour accomplir ceci.

Que ceci soit bien compris. Je ne revendique rien pour moi-même. Je ne fais qu’annoncer et rappeler aux Mains de la Foi et aux Bahá’ís du monde entier les responsabilités que le Gardien bien-aimé a placé sur moi en tant que président du Conseil international Bahá’í.

C’est un fait bien connu dans le monde Bahá’í et accepté par tous les Bahá’ís que la protection de la Foi et sa propagation sont des fonctions spéciales et particulières des Mains de la Foi, celles-ci travaillant et servant sous la direction du Gardien de la Foi. Il ressort de cela et à travers cela, le gardiennat, que l’infaillibilité lui appartient et que les Mains de la Foi en reçoivent leurs ordres.

Le programme pour 1963 tel qu’il est annoncé par les Mains de la Foi dans leur message au monde Bahá’í du 4 novembre 1959, signé par vingt-deux des Mains, aussi bien que le même programme annoncé dans leurs messages antérieurs, viole de façon si flagrante et réduit à néant le Testament de `Abdu’l-Bahá, le gardiennat et l’administration de la Foi que le Gardien bien-aimé a si laborieusement édifié et avec tant de peine durant son long ministère que je ne peux approuver davantage de tels actes de la part des Mains de la Foi. Je suis demeuré silencieux durant plus de deux ans espérant qu’elles abandonneraient cette propagande destructive. Mais ceci a été sans effet. Aussi maintenant il est nécessaire que j’arrête leurs néfastes activités.

J’ordonne maintenant aux Mains de la Foi d’arrêter tous leurs préparatifs pour 1963 et, en outre, j’ordonne à tous les croyants Bahá’ís et toutes les assemblées de Bahá’ís de cesser immédiatement de coopérer et de soutenir ce programme fallacieux pour 1963.

J’ai retardé le plus possible, tant que j’ai pu affronter ce délai, avant de donner ces ordres au monde Bahá’í. J’espérais que les Mains de la Foi verraient par elles-mêmes que le Testament de `Abdu’l-Bahá était violé et qu’elles abandonneraient aussi d’elles-mêmes leur position. Moi, seul et solitaire devant le monde Bahá’í tout entier, mais confiant et constant en mon assurance, j’étais sûr de sauvegarder la Cause de cette calamité. Ma confiance est basée sur l’autorité que le Gardien m’a conféré en tant que président du Conseil international, autorité qui, depuis le départ du Gardien bien-aimé me permet d’agir et d’assumer la direction des Bahá’ís.

Il est juste et opportun que je fasse cette annonce dans ce Congrès des Bahá’ís d’Amérique dont le Gardien bien-aimé a baptisé ce pays « Berceau de l’ordre administratif ». Je lance cet appel ici et maintenant, seul et solitaire devant vous, mais entièrement confiant en votre appui et coopération dans toutes les affaires Bahá’íes car vous comprenez l’administration de la Foi et ainsi que je la protège de toute violation ou dommage.

Du fait que le Gardien bien-aimé a désigné l’Amérique le « Berceau de l’ordre administratif », les Bahá’ís américains ont une responsabilité très spéciale et particulière à laquelle, à ce moment précis, dès maintenant, je les convie.

J’attends des amis présents à ce Congrès qu’ils considèrent en prières et avec réflexion cette déclaration qui leur est adressée, déclaration dirigée au monde Bahá’í en entier. J’attends d’eux qu’ils m’acceptent sans question en tant que leur commandant en chef, pour toutes choses ou affaires Bahá’íes et qu’ils me suivent aussi longtemps que je vivrai car je suis le Gardien de la Foi — le Gardien infaillible de la Foi Bahá’íe.

La continuité du gardiennat de la Foi Bahá’íe n’est pas rompue car j’étais le Gardien de la Foi depuis le départ du bien-aimé Gardien Shoghi Effendi.

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L’Assemblée spirituelle nationale des Bahá’ís des États-Unis devrait prendre contact avec moi le plus tôt possible de manière à ce que je puisse recevoir ses membres. Par le fait d’être les membres de la première parmi les assemblées nationales à être appelées en action spirituelle par moi, leurs responsabilités sont très grandes car j’appelle cette assemblée spirituelle nationale, la première entre toutes les assemblées spirituelles nationales du monde, pour m’aider dans la direction de la Cause Bahá’íe.

Chers amis bien-aimés, siégeant en Congrès au pays du Berceau de l’ordre administratif de la Foi, ceci est tout ce que j’ai à vous dire pour le moment.

 

Avec beaucoup d’amour,

Fidèlement en El-Abhá,

MASON R., GARDIEN

DE LA FOI BAHÁ’ÍE